An inside-outside harmony for a house in Paris set in a small terrain with no horizon – JP Campredon, architect.
Le 12ème arrondissement, un fond de deuxième cour délaissé, terrain vague parmi des immeubles de 6 à 9 étages, une parcelle de 300m² encaissée à 1m80 au dessous du rez de chaussée du second immeuble par lequel on accède, entrepôt de détritus. Le parti d’implantation fut d’enterrer la maison de façon à ce que sa toiture plate ne dépasse pas le niveau des allèges des fenêtres du rez chaussée voisin. Diviser le terrain en bâti/jardin aurait dualisé les relations intérieur/extérieur.
La construction a été implantée sur la partie du terrain recevant le soleil et les fonctions secondaires d’habitations ont été réparties aux quatre coins de la parcelle : bureau, buanderie, chambre d’amis, de cette façon le jardin s’est trouvé incorporé à l’habité, entrelacé avec des espaces transitoires tels les terrasses, porches…
Dans cette parcelle rectangulaire n’offrant pas d’horizon ni d’échappée visuelle, nous faisons le choix de créer un monde dans un monde, d’utiliser les directions diagonales afin de distendre la perception visuelle, de développer des plans de lumière par des fentes, par des vides entre les murs de clôture afin de dilater l’espace. Nous évitions ainsi la confrontation en face à face avec les murs de clôture. Nous les côtoyions tangentiellement et les traitements mobiliers et objets créaient des étapes intermédiaires entre l’intérieur et les clôtures afin de démultiplier les sensations et interposer des plans successifs de profondeurs.
La partie principale de la maison comportant la pièce à vivre et un coin chambre avec salle de bain, de forme triangulaire adosse sa base le long d’un mur mitoyen, sans le toucher ; les autres fonctions avec leur forme triangulaire encastrée dans les quatre angles de la parcelle libèrent un jardin tout autour du séjour : chambre d’amis, buanderie enterrée, bureau avec sous-sol et chambre d’enfant.
Le bois et les couleurs chaudes intensifiaient l’impression “d’intérieur”. Les matières ont été laissées franches : bois, ciment, parpaings… ne recevant qu’une coloration aux pigments naturels. Le mobilier a été conçu totalement intégré en fonction de la géométrie de l’ensemble : seuls les tables, chaises et fauteuils ont constitué les éléments mobiles. Les vasques ont été fabriquées en résine, le bac à douche a été construit en maçonnerie, d’une profondeur de 30cm il servait aussi de bac pour les enfants.
Cette maison fut construite comme un bateau dans une bouteille : les terrassements et les matériaux sont passés par deux couloirs de 70cm de large, les décaissements réutilisés en talus dans le jardin. Il s’agissait alors d’une mise en œuvre essentiellement manuelle, légère, préfabricable ne nécessitant que de l’outillage portatif ou des éléments préfabriqués de petite dimension.
Une pergola composée de deux grandes poutres creuses traversait la parcelle tantôt à l’intérieur de l’habitat, tantôt au-dessus, permettant le passage des fluides, soulignant les grandes dimensions, générant éclairages et supports de plantes tombantes et reliant les différentes parties habitables par des passages abrités. La végétation existante au départ et soigneusement préservée fut complétée par des apports de bambous et massifs fleuris, pénétrant à l’intérieur dans les “redents” de la façade en polycarbonate plié, et participait à l’ensemble des matériaux.
LIEU
Paris 12ème
COÛT
700 €/m²
SURFACE
120 m² Surface Hors Œuvre Nette
ANNÉE
1987